C’est au XIII° siècle, vers 1270, que furent fondés les Hospices de Nuits, à la fin du règne de Saint-Louis et à l’avènement du Duc de Bourgogne Robert II. Cet Hôpital-vigneron naquit ainsi deux siècles avant la fondation de son illustre voisin, les Hospices de Beaune, en 1443. Moins connu mais tout aussi prestigieux que celui-ci, les Hospices de Nuits fonctionnent exactement de la même façon, en combinant une activité médico-sociale réelle et un domaine viticole.
L ’ H Ô P I T A L
À l’origine, l’hôpital des Hospices de Nuits-Saint-Georges était une maladrerie ouverte en 1270 et entièrement détruite pendant les guerres civiles et religieuses. En 1633, l’hôpital, seulement composé de 4 lits, s’installa dans une modeste maison au bord du Meuzin achetée par Guillaume Labye, procureur du Roi. En 1684, l’emplacement ne convenant guère, on décida de transférer l’établissement. En 1689, débuta alors la construction de l’hôpital actuel sous la responsabilité et la dévotion de l’aumônier Antide Midan. La salle Saint-Laurent meublée de 16 lits voit ainsi le jour en 1692. Progressivement, les maladreries des communes voisines lui furent rattachées et un Comité de Direction composé des notables de Nuits fut créé. Ainsi, l’autonomie financière est garantie, et malgré les difficultés l’établissement subsistera jusqu’à ce jour, notamment grâce aux dons qui peu à peu constitueront le domaine viticole. Aujourd’hui, l’hôpital est un établissement public de santé qui fait partie depuis le 1er janvier 2016 des Hospices Civils de Beaune.
De décembre 2016 à juillet 2018, des travaux ont eu lieu dans le cadre de la construction de nouvelles infrastructures et de la réunification des activités sur le même site. Le nouvel hôpital Saint-Laurent a donc ouvert ses portes mardi 4 septembre 2018 dans des locaux présentant tout le confort et la sécurité d’une structure de soins et d’accueil moderne et adaptée. Un des principaux enjeux de ce projet architectural était de travailler autour d’un objectif commun à tous les acteurs de l’institution: soigner et accompagner les personnes âgées de la meilleure manière possible. Pour ce faire, deux nouveaux bâtiments ont vu le jour : le premier accueillant 80 lits par déménagement du site historique et le second, près de la cuverie, regroupant les fonctions logistiques de blanchisserie, cuisine, magasin et atelier. Les excédents cumulés du domaine viticole des Hospices de Nuits-Saint-Georges ont permis de financer en partie ces nouveaux bâtiments plus fonctionnels.
LE DOMAINE DES HOSPICES DE NUITS-SAINT-GEORGES
Le domaine fait partie intégrante de l’hôpital avec un budget de fonctionnement qui lui est propre. Quatre vignerons sont employés à plein temps. Une équipe d’une entreprise viticole adaptée participe à certains travaux saisonniers ainsi qu'une quarantaine de personnes à l'occasion des vendanges. Avec plus de 12 hectares, le domaine des Hospices de Nuits-Saint-Georges est constitué essentiellement de crus de l’appellation Nuits-Saint-Georges, notamment de huit parcellaires d’appellations villages et de neuf premiers crus, couvrant ainsi une grande partie des coteaux et des terroirs de celle-ci. Ce vignoble prestigieux permet d’élaborer 19 cuvées dont une appellation en monopole Nuits-Saint- Georges 1er cru « Les Didiers ». Jean-Marc Moron, régisseur du domaine, veille soigneusement sur chaque parcelle. Le patrimoine viticole de l’hôpital a été constitué au fil du temps, selon la tradition bourguignonne, grâce à de nombreux dons et legs depuis 1633, mais en particulier pour les vignes depuis 1688, avec deux ouvrées données par Monsieur Hugues Perdrizet. Suivront au fil des siècles des dons des familles locales, jusqu’aux plus récents, le Gevrey-Chambertin « Champs-Chenys » par Madame Irène Noblet, et des parcelles de Nuits-Saint-Georges par la famille Jeanniard. Des raisons spirituelles, mais aussi la volonté d’assurer des ressources annuellement renouvelées, afin d’améliorer l’accueil des malades et des personnes âgées expliquent ces transmissions de vignes à l’hôpital. Cette impulsion charitable a traversé les siècles et aujourd’hui encore son action est pérenne, les excédents financiers annuels du domaine viticole constituant une aide conséquente pour l’investissement hospitalier. Afin de rendre hommage à la générosité des donateurs, il a été convenu de vendre chaque année une pièce de charité, dite "Cuvée des Bienfaiteurs", au profit d’une association en soutien à leurs actions en faveur d’enjeux majeurs de santé publique.